
Berlin, champ de mines
Entre 1940 et 1945, les Alliés ont largué plus de 45 000 tonnes de bombes sur Berlin. On estime qu’environ 10 % n’ont jamais explosé. Elles se sont simplement enfoncées dans le sol, oubliées pendant des décennies. Jusqu’au jour où un chantier, un incendie ou un simple promeneur les fait remonter à la surface. Parfois même, elles dormaient dans des greniers, à l’Est, dans des immeubles restés à l’abandon après la chute du Mur.
Les écoles comme refuges
Avant chaque projet de construction, la règle est simple : inspection obligatoire des services de déminage. Et si une bombe est détectée, tout s’arrête. Le quartier est bouclé, les habitants priés d’évacuer. Les écoles ferment ou servent de refuge pour les habitants, les hôpitaux déplacent leurs patients, les transports sont suspendus. En 2021, une bombe de 100 kilos a été désamorcée à l’Alexanderplatz, en plein centre-ville.
La forêt, risque maximum
Mais le danger ne se cache pas seulement sous l’asphalte. En 2022, un incendie s’est déclaré dans la forêt de Grunewald. Les pompiers ont d’abord reculé : impossible d’intervenir dans cette zone truffée d’engins explosifs. Au cœur de la forêt, un ancien dépôt militaire abrite encore 25 tonnes de munitions datant de la guerre. Trop instable, trop risqué. Le sol lui-même est un piège.
Le garde-forestier de Grunewald en a fait une routine : au moindre éclat de métal aperçu dans la terre, il appelle les démineurs. À chaque explosion contrôlée, l’autoroute voisine est fermée. Une centaine de policiers sont mobilisés. L’opération coûte cher – environ 500 000 euros par an – mais il n’y a pas d’alternative.
Le robot Wolf R1 comme sauveur
Pour éviter les drames, les secours misent désormais sur la technologie. Le robot Wolf R1, sorte de tank miniature, explore les zones dangereuses en cas d’icendie. Équipé d’une caméra et d’une lance à eau, il trace la voie aux pompiers, leur permettant d’intervenir à distance, en sécurité.
Les mers sont aussi jonchées de bombes
Berlin n’est pas un cas isolé. Partout en Allemagne, le passé ressurgit. À Munich, en 2021, une bombe américaine de 250 kilos a explosé en pleine gare centrale. Quatre blessés graves. Autour de la capitale, dans le Brandebourg, les chiffres donnent le vertige : plus de 300 tonnes de munitions extraites du sol en une seule année, dont 180 mines, 23 000 grenades et plus de 4 000 roquettes anti-char.
Et ce n’est pas tout. Au fond de la mer du Nord et de la Baltique, 1,6 million de tonnes de munitions reposent encore. Des armes immergées depuis 80 ans, dont certaines sont remplies de phosphore. De vraies bombes à retardement menacent silencieuse la sécurité et l’environnement.
Christophe Bourdoiseau