
Est-ce la fin de Mustafa’s Kebab ?
Le légendaire « Mustafa’s Gemüse Kebap », connu mondialement et situé jusqu’alors sur le Mehringdamm à Kreuzberg, a dû quitter son emplacement emblématique. Ce déménagement soudain a laissé de nombreux touristes et habitués perplexes. Une banderole simple annonce le nouveau site, juste en face. Mehringdamm 33. »
Derrière cette relocalisation : un chantier. Selon Tarik Kara, le propriétaire, le déménagement n’était pas un choix, mais une obligation. Des travaux sont prévus juste derrière l’ancien stand. L’administration, de son côté, évoque une « solution provisoire » depuis toujours. Peu importe la version, la réalité est là : le stand a bougé. Mais la file d’attente, elle, est revenue comme si de rien n’était.
Solutions alternatives
Le nouvel emplacement est discret, avec une capacité d’accueil très limitée : cinq places assises, pas de toilettes, mais un peu plus de stockage et une ambiance plus détendue. Kara se montre confiant : « J’espère que les clients continueront à nous trouver. » Et pour l’instant, ils sont au rendez-vous.
Conflits avec l’administration
Ce déménagement s’inscrit dans une relation parfois tendue avec les autorités locales. Outre l’emplacement qualifié de temporaire par l’administration, des plaintes répétées ont été émises concernant les déchets autour du stand. Le kebab de Kreuzberg est devenu un phénomène urbain, mais aussi un défi logistique pour la ville.
Un succès surtout médiatique
L’histoire de « Mustafa’s Gemüse Kebap » commence en 2005. Tarik Kara, alors âgé de 32 ans, saute sur l’occasion lorsqu’une femme souhaite vendre son snack sur le Mehringdamm. Kara, arrivé en Allemagne à l’âge de 7 ans, avait jusqu’alors enchaîné les petits boulots : peintre, jardinier, puis vendeur de kebabs. Il crée une recette unique : un döner aux légumes grillés, garni de sauces spéciales, qui devient une légende locale.
Le tournant ? Un article du New York Times. En 2006, un journaliste fait la queue incognito, séduit par le goût. L’article qui suit lance la notoriété internationale du stand. Il devient le symbole de l’histoire de ce sandwich.
L’incendie
En 2019, le stand originel prend feu. Une friteuse en est la cause. Résilience oblige, Kara installe en urgence un nouveau stand quelques mètres plus loin. Là encore, la file d’attente réapparaît aussitôt. Ce n’est ni l’adresse, ni le décor qui comptent : c’est le mythe.
Les coopérations avec des marques internationales
En 2018, la marque italienne Diesel entre en scène. Une collaboration étonnante : t-shirts, sweat-shirts, et même un spot publicitaire stylisé. L’image de Mustafa’s explose au-delà du cercle des foodies. Cette visibilité, soutenue par une forte présence en ligne grâce à une agence de pub proactive, transforme le stand en destination touristique à part entière.
Une formule qui marche surtout grâce à la notoriété
Et pourtant, le succès du kebab n’est pas uniquement dans l’assiette. Si les critiques sont souvent élogieuses, ce n’est pas la recette qui attire les foules, mais le storytelling. L’expérience, l’attente, le nom : voilà ce que viennent chercher les clients.
La preuve ? À Friedrichshain, sur la Warschauer Straße, une succursale identique a ouvert. Même ingrédients, même concept. Mais aucun engouement. Pas de file d’attente. La magie n’opère pas loin du berceau de Kreuzberg.
Christophe Bourdoiseau