Berlin Kebab, une histoire turque

Le « Döner Kebab », qui signifie littéralement « viande grillée (kebab) à la broche (döner), est plus vendu aujourd’hui que les hamburgers de McDonald’s.

Selon la légende, il aurait vu le jour dans le quartier de Kreuzberg à la fin des années 1970. Mais l’origine reste controversée. Plusieurs « inventeurs » se sont manifestés ces dernières années dans plusieurs villes l’Allemagne.

La « Fédération internationale de producteurs de kebab » (Udofed) a déposé une plainte à Bruxelles pour réclamer la paternité de ce sandwich et réclame pour elle la marque « Döner Kebab »

Une affaire de gros sous, évidemment. Aujourd’hui, 15 000 snacks en Allemagne vendent des kebabs. Chaque jour, jusqu’à 300 tonnes de viande sont préparées et le chiffre d’affaires atteint plus de 1,5 milliard d’euros par an. Les Allemands dévorent plus de 2,5 millions de sandwich par jour, soit près d’un milliard par an. C’est une véritable industrie qui emploie plus 80.000 personnes en Allemagne.

Mais les Berlinois ne se laissent pas faire. « Le kebab n’est pas turc », jure Eberhard Seidel, l’auteur d’une biographie de référence sur l’histoire social de ce sandwich inventé par les « Gastarbeiter », les travailleurs immigrés d’après-guerre, après la crise économique.

Le kebab, dont on a fêté en 2022 les 50 ans, est devenu un plat national allemand au même titre de le Sauerkraut (choucroute), le Eisbein (jarret de porc) ou le Kartoffelsalat (salade de pommes de terre). Mais ce pain turc (pide) avec de la viande grillée à la broche, servie avec des crudités et une sauce épicée ou à l’ail, se mange avec les doigts.

Angela Merkel, issue d’Allemagne de l’Est, aurait dépensé son premier deutschemark de l’ouest pour manger un kebab après la chute du Mur.

 

Deux heures de queue pour un kebab chez Mustafa’s

Considéré comme un « incontournable » par les guides, les touristes n’hésitent plus à faire la queue pendant plus de deux heures chez Mustafa’s, dans le quartier turc de Kreuzberg, pour acheter une version végétarienne qui n’a rien à voir avec l’original. Personnellement, il n’y a aucune raison d’y aller sinon l’effet hype.

Le Kebab est tellement populaire qu’il a dépassé les frontières. Depuis quelques années, le German kebab est servi jusqu’en Chine. A New-York ou à Paris, il est célébré comme une « spécialité berlinoise ».

Le prix moyen d’un Kebab berlinois dépasse les 8 euros. Une nette augmentation, alors qu’il a été vendu à 2,50 euros dans les années 90 !

La version la plus chère se trouve à l’hôtel de luxe de Berlin, Adlon (Porte de Brandebourg), où le chef de cuisine, un Berlinois, a mis dedans des fines tranchettes de viande recouverte de truffes râpées. Mais le luxe a son prix : 37 euros, ce qui en fait le kebab le plus cher d’Allemagne.

Christophe Bourdoiseau